Rétro: C’était le 12 Janvier 1997

Il est neuf heures du matin à place Barcelone à Tunis. Le ciel est gris et les premières gouttes de pluie commencent à se faire sentir. Les jeunes lycéens se sont donnés rendez-vous assez tôt pour qu’ils puissent avoir des places privilégiées dans le stade. Une fois la bande d’amis réunie, ils empruntent la ligne 2 du métro Tunisois, direction stade El Menzah. Les rames du métro étaient bondées de supporters et la couleur rouge du drapeau Tunisien était prédominante. Quarante-cinq minutes plus tard, la bande d’amis est devant le stade sous une pluie qui s’est intensifiée.

Une semaine auparavant, la Tunisie se réveillait sur une triste nouvelle qui a bouleversé tout un peuple. Le samedi 4 Janvier 1997, Hédi Berrekhissa est décédé sur le terrain du stade Chadly Zouiten lors d’une rencontre amicale opposant l’Espérance de Tunis à l’Olympique Lyonnais. Deux jours plus tard, des dizaines de milliers de gens étaient présents lors de ses funérailles, y compris ses co-équipiers de l’Equipe Nationale qui étaient en stage bloqué pour préparer le match décisif face à l’Egypte dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde 1998.

La bande s’est installée dans les gradins non couverts (appelés Pelouse pour ceux qui connaissent le stade d’El Menzah) au milieu d’une foule qui n’arrêtait pas de de se démultiplier. L’ambiance d’avant match était très controversée : des chansons glorifiant le défunt Benrekhissa s’emmêlaient à celles encourageant le Onze national. Des sentiments de tristesse, d’espoir et de peur émanaient des travées : L’enjeu était crucial pour l’Equipe Nationale.

C’était l’une des rencontres clés sur le chemin de la qualification au Mondial Français de 1998. Les Tunisiens n’avaient pas d’autres choix que de remporter les trois points de cette rencontre pour deux raisons : Bien débuter cette compagne qualificative et honorer leur co-équipier Balha.  Ce jour-là, les jeunes lycéens et tous ceux qui ont suivi ce match ont vu évoluer onze guerriers Tunisiens sur le terrain. L’hymne national repris en la gloire de Balha par toute l’assistance y était sûrement pour quelque chose. Les hommes de Kasperczak ont gagné la quasi-totalité de leurs duels lors de cette rencontre grâce à un esprit combatif et une générosité d’effort rarement vus. Les Pharaons, qui deviendront une année plus tard champions d’Afrique avec la même équipe, n’ont pu que constater les dégâts face à la démonstration Tunisienne.
Les co-équipiers de Skander Souayeh n’ont pas mis beaucoup de temps pour concrétiser leur domination : Sur une action très bien construite avec notamment onze passes successives, Adel Sellimi délivre un caviar à Zoubeir Baya, qui, d’un tacle glissé met la balle au fond des filets de Houssem El Sayyed à la 10ème minute de jeu. Les jeunes copains n’ont jamais fêté un but avec une telle passion et ferveur.
Le déluge qui s’est abattu ce jour-là sur Tunis n’a pas entamé la motivation des spectateurs ni celle des joueurs. Le score ne bougera plus jusqu’à la fin du match, et ce en dépit des multiples tentatives Tunisiennes. A la fin de la rencontre, Adel Sellimi et Taoufik Hicheri feront un tour d’honneur du stade avec un maillot floqué du numéro 5, celui du défunt Balha. Cette victoire s’avérera par la suite très importante et permettra à la sélection Tunisienne de disputer sa 2ème Coupe du Monde après celle de 1978.

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La bande de copains est rentrée du stade mouillée jusqu’à l’os, mais peu importe ; Ils étaient fiers de leur sélection nationale parce que les joueurs ont tout donné et ont honoré ce maillot si cher à leurs cœurs.
Ces jeunes sont devenus aujourd’hui des adultes, mais n’ont jamais oublié les sentiments d’appartenance et de patrie que leur a procurés ce match historique. Ils suivent de près le parcours de la sélection dans la phase qualificative au Mondial Russe et ils aimeraient remonter le temps et ré-assister à ce match dans les mêmes conditions, accompagnés des joueurs actuels de la sélection dans les gradins. Ces derniers sauront ce qui leur restera à faire pour les deux derniers matchs décisifs.

A.G

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